dimanche 19 avril 2009

Décryptage.



"A la cour de Tarquin le Superbe, plus un rustre était sournois, et plus on l'estimait. On disait: "Il est sage". Plus c'était un dément effronté, et plus on l'estimait. On disait: "Il est énergique." Plus c'était un abruti primitif, et plus on l'estimait. On disait: "Il est spontané." Au début des années quatre-vingt-dix, à la cour de Tarquin le Superbe, vivaient des personnages de cette sorte: sages, énergiques et spontanés."

Vladimir Pistalo, Millénaire à Belgrade.

samedi 18 avril 2009

Dans la brume électrique avec les morts confédérés, James Lee Burke.



J'ai voulu siroter à nouveau un Dr Pepper en compagnie de Robicheaux, pour survivre à l'avalanche de promotion qui a suivi la sortie du dernier film de Tavernier.
J'ai contourné les piles de Thompson, d'Ellroy et de Pellecanos qui encombraient les deux tiers d'un rayon de ma bibliothèque, retouné les Jonquet, Pouy et Benaquista qui occupaient l'autre tiers, et enfin retrouvé cet exemplaire acheté il y a cinq ans à Arles de "Dans la brume électrique avec les morts confédérés."
Je ne me souvenais plus de l'intrigue, seulement du plaisir que j'avais pris à cette lecture, identifiant à l'époque les marécages camargais au Bayou louisiannais, dans ma lutte sans merci contre les moustiques voraces en pleine orgie printanière.
J'ai eu davantage encore de plaisir à cette deuxième lecture. James Lee Burke nous plonge avec réalisme dans ce monde de New Iberia, nous faisant partager cette atmosphère du sud, entre accords de blues et odeurs de poulets grillés, sur fond de tension raciale. Son héros est une vraie réussite, on devine qu'il voterait Busch, et malgré tout on ne peut qu'éprouver une profonde sympathie pour son humanité. Un romancier capable d'une telle performance ne peut être qualifié que de génial.

mardi 14 avril 2009

lundi 13 avril 2009

Pierre Bayard, Le plagiat par anticipation.



Pierre Bayard à chaque nouvel opus pousse plus loin le bouchon de l'invraisemblance. L'intérêt est de moins en moins dans la thèse qu'il défend que dans la façon dont il organise son discours.

Il met au service de la galéjade avancée dès le titre de l'essai toutes les ressources de la rhétorique universitaire, mobilisant toutes les techniques argumentatives que sa fréquentation assidue des structuralistes, des psychanalystes, des lacano-baudrillardiens de tout poil lui a permis de maîtriser.
Je ne suis pas sûr pourtant que tous les professeurs et docteurs rient de bon coeur à cet essai, hormis peut être le professeur Rollin, cousin éloigné de Pierre Bayard, car derrière cette énorme farce se cache un projet peut être moins vain qu'il n'y paraît au premier abord. En effet, derrière cette habileté à construire la démonstration intelligente d'une thèse stupide, Pierre Bayard fait oeuvre de démolisseur, et nous permet de découvrir derrière la solidité de son ton doctoral la fragilité de tout son édifice.

dimanche 12 avril 2009

mercredi 8 avril 2009

Seul le silence, R. J. Ellory



Joseph Vaughan a tout juste une dizaine d'années quand son père meurt, à la fin des années 30, en Géorgie. C'est sur son enterrement que s'ouvre ce magnifique roman. Joseph va peu après découvrir le corps mutilé d'une de ses camarades de classe. C'est le début d'une série de meurtres qui va plonger cette région des États Unis dans l'horreur, puis révéler la part d'ombre de ses habitants.

L'auteur a su magnifiquement incarner ses personnages, et décrire l'abîme qui sépare l'Amérique rurale de l'Amérique urbaine. Il nous fait ressentir l'empreinte d'une géographie, d'un environnement âpre sur le développement des caractères des personnages. Les sentiments du héros, déchiré entre la fidélité à ses racines et son aspiration à découvrir de nouveaux horizons, sont rendus avec une puissance rare.

Encore un démonstration que la noire n'a rien à envier à la blanche lorsqu'elle est bonne.

dimanche 5 avril 2009

New York City.



"Je souriais comme un l'imbécile que j'étais. C'était là quelque chose qui valait le voyage; c'était New York City, le cœur de l'Amérique du Nord, ses rues comme des veines, ses boulevards comme des artères, ses avenues comme des synapses électriques claquant, canalisant, s'étirant; un million de voix, un million d'autres les recouvrant, tous ces gens aussi proches qu'une famille mais ne voyant qu'eux mêmes."

"Seul le silence", R. J. Ellory.