vendredi 20 octobre 2006

Les trois âges du père Noël.


Pour un enfant de deux ans, tous les êtres humains affublés d'un manteau rouge et d'une barbe blanche sont Le père Noël.
Puis au delà de l'apparence se construit le concept du père Noël, et vers l'âge de cinq ans, il n'existe plus qu'un Le père Noël exhilé au fin fond de sa Laponie, Idée platonicienne dont les pères Noël de supermarché ne sont que de pâles représentations.
Enfin vient l'âge du crépuscule de l'Idole, le refus de la croyance en l'existence d'un arrière monde, la PS2 ici et maintenant, et à sept ans, Santa Klaus est rangé dans la malle aux renoncements, à côté de la souris verte, du bon dieu et de son fils.

lundi 9 octobre 2006

Viol d'un des sens.

Les sens de la mise à distance, l'ouïe et la vue, s'opposent aux autres sens en celà qu'ils permettent la perception du monde sans contact direct avec la matière.
Mais ce qui les distingue pourtant de façon radicale l'un de l'autre, c'est la possibilité de les mettre en veilleuse ou non. Pour ne pas voir, il suffit de fermer les yeux, ou de détourner le regard. Il est impossible de se fermer les oreilles, au mieux peut-on, bon an mal an, se les boucher. Quand à détourner l'écoute...
On peut s'en convaincre en subissant une télévision allumée. Si le son est coupé, on peut ne pas s'apercevoir qu'elle est allumée. Par contre, dès que le son surgit, on devient captif des émissions de l'appareil.
Notre président adoré, pour fustiger l'ennemi de l'intérieur, ne mettait-il pas en avant le bruit et l'odeur? Nous ne pouvons rien contre certaines intrusions, se couper le nez et les oreilles n'y changerait rien.
Les religions l'ont bien compris, qui n'ont de cesse pour asseoir leur pouvoir, de rythmer la vie du peuple aux chants du muezzin, ou en tapant la cloche. Inonder l'ouïe, c'est rendre les cerveaux captifs. Analyser le bruit, c'est découvrir les sources de notre aliénation.
Nous sommes anesthésiés par les pollutions sonores, assommés et soumis sans échappatoire. J'ai le souvenir d'une grève des poids lourds, il y a une dizaine d'années, qui avaient bloqués tout le transport routier. En sortant de mon appartement, j'avais eu le sentiment étrange d'habiter une autre planète, avant de réaliser que je redécouvrais le bonheur du silence.

lundi 2 octobre 2006

Banane ou asperge?


J'ai lu un article relatif au dressage des filles de bonne famille. Ces futures domestiques sont élevées dans un cadre verdoyant, au coeur des montagnes suisses. Leur sont prodiguées toutes sortes de soins, notamment une formation relative à la bienséance lors des repas.
En particulier, comment faut-il s'y prendre pour déguster certains mets délicats? J'ai appris que la banane doit être consommée à l'aide de la fourchette et du couteau, alors que la goutteuse asperge peut être conduite aux lèvres à la main, sans chichi, comme dirait Bernadette.

Mais qu'est ce qui distingue l'asperge de la banane?
Certains répondent la taille. A l'évidence, ce critère ne peut être pris en compte: il existe de petites bananes n'atteignant pas la taille d'une grosse asperge. Or, cette règle inflexible qui interdit la prise en main de la banane ne peut procéder d'un relativisme mou, on l'admettra.

D'autres pensent tenir le bon bout en comparant l'extrémité des deux tiges. Le bout de la banane serait plus suggestif que le bout de l'asperge. J'en doute, c'est même le contraire: homogénéïté absolue d'un côté, rupture dans la couleur et la texture de l'autre côté. Comparez, vous serez convaincus.

La banane est victime d'une injustice. Il devait être loisible à toute bourgeoise honnétement éduquée de porter à la bouche et à la main ce met délicieux, même trempé dans de la chantilly.