jeudi 31 mai 2007

Le petit cheval blanc



"Ainsi on a souvent dit, au sujet de l'infanterie anglaise de la première guerre mondiale, que des sergents expérimentés mais d'humble extraction accomplissaient la tâche difficile d'apprendre, en cachette, à leurs nouveaux lieutenants à remplir un rôle dramatiquement expressif à la tête de la section et à se faire tuer rapidement dans une position pourvue d'un grand relief dramatique, en harmonie avec l'éducation de grands collèges qu'ils avaient reçue. Les sergents, pour leur part, conservaient leur place modeste à l'arrière de la section et s'efforçaient de rester en vie pour continuer à former d'autres lieutenants."
E Goffman, La mise en scène de la vie quotidienne.

mercredi 30 mai 2007

L'élégance du Hérisson, Muriel Barbery



Une métaphore célèbre de Schopenhauer décrit la difficulté pour les hommes de trouver la bonne distance en société. Pour cela, il les compare à des hérissons au coeur de l'hiver:
la solitude les fait souffrir du froid, ils se collent les uns aux autres pour se donner un peu de chaleur; alors les piquants les blessent, et ils doivent s'isoler, mais le froid se fait à nouveau sentir, etc...
Muriel Barbery nous parle dans son roman de la difficulté à vivre seul, à vivre ensemble, à trouver l'eumétrie.
Ce roman nous interroge également sur notre manie du classement, sur notre difficulté à sortir de nos routines de pensées: les personnages ont deux faces, celle dont ils font la représentation sur la scène, et la face intime, riche, qu'ils donnent à voir à ceux qui font l'effort de soulever le rideau.
Un roman qui alterne tendresse, drôlerie et colère, qui donne à penser longtemps après l'avoir refermé: que demander de plus?