samedi 8 septembre 2007

Quinze zhéros



"Travailler plus pour gagner plus." Ils avaient promis.
Alors on a travaillé toujours plus, soulevé des tonnes de fontes. On a reculé notre seuil de tolérance à la douleur, on a supporté l'acide lactique qui rongeait nos muscles, on a sacrifié notre plaisir à la promesse de victoires annoncée par notre chef.
Juste avant le match, notre petit président chéri a déclaré, à un journaliste de la télé, que ses capacités d'organisation et son allure frêle lui auraient permis d'occuper le poste de demi de mêlée. On le savait spécialiste de l'ouverture, du contre pied et du tango argentin, alors on a pris cela pour une heureuse augure.
Puis ce fut le coup d'envoi. Et la découverte: eux aussi avaient travaillé dur, eux aussi voulaient gagner. Et ils ont gagné. Nous pensions pourtant avoir travaillé plus durs qu'eux, et ce sont eux qui ont gagné. On s'est sentis trahis. Par notre chef. Il nous avaient promis la gagne contre toujours plus d'effort, mais c'est le goût âcre de la défaite qui nous est resté comme une boule de bile ovale au fond de la gorge.
Notre chef aura sa place à côté du petit président. C'est sa promesse de victoire. Mais le petit président promet beaucoup, et trahit beaucoup ...