mercredi 31 décembre 2008

Sarkozi par Todd



E Lévy: Incohérent, intellectuellement médiocre, agressif, affectivement instable et animé par l’amour de l’argent : il n’est guère de défaut que vous ne prêtiez au président de la République. Ne verseriez-vous pas dans la recherche de boucs émissaires que vous l’accusez de pratiquer ?


E Todd: Taper sur Nicolas Sarkozy est une activité saine, morale et satisfaisante, mais il ne faut pas s’arrêter là. Il faut bien comprendre qu’il n’a pas été élu en dépit de ses défauts mais grâce à eux. Il m’arrive de me faire plaisir en disant ce que je pense. Mais s’il m’intéresse, comme chercheur, c’est parce qu’il est un concentré des tendances mauvaises qui travaillent la société française.

mardi 30 décembre 2008

Le premier principe Le second principe, Serge Bramly.



La lecture s'ouvre sur l'agonie d'une princesse anglaise victime d'un accident de la route, et se clôt sur l'élucidation des causes du suicide d'un ancien premier ministre français. Le chaînon manquant entre ces deux évènements se nomme Max Jameson, et a exercé la lucrative activité de paparazzi. Celui-ci va se retrouver au centre d'un imbroglio politico financier, victime à la fois de politiciens véreux, trafiquants d'armes et méchants barbouzes. Heureusement, il existe de gentils agents secrets: c'est le cas du narrateur, philosophe, poète, épris de culture chinoise.

On l'aura compris, il s'agit d'un polar paranoïaque, mais dans la meilleure veine. On pense par exemple à French Tabloïd, de Oppel. Bramly utilise les scandales des années 80 comme décor pour bâtir son intrigue. Mais on va un peu plus loin que le classique polar. On navigue ainsi entre un exposé du théorème de Lincoln-Kennedy, une description de la vie comme une partie de mah-jong, ou une analyse psychologique inspirée de l'école de Palo Alto, sans que jamais ces disgressions ne ralentissent l'action. On sort de ce roman avec le sentiment d'avoir reconstitué un puzzle, dont le motif serait un point d'interrogation.

mercredi 17 décembre 2008

Boutih ou le socialisme oportuniste.



Malek Boutih intervenait ce midi sur France Inter. En substance, il déclarait qu'avant de servir un parti, il avait pour vocation de servir la France, et qu'il n'était pas opposé à l'idée de rentrer au gouvernement.
Démonstration est faite une nouvelle fois que le PS regorge de "talents" qui ne sont pas choqués à l'idée de siéger dans le gouvernement le plus ouvertement antisocial depuis la seconde guerre mondiale.
PS comme Pépinière Sarkoziste, que de couleuvres avalées par des militants crédules.

dimanche 14 décembre 2008

samedi 13 décembre 2008

La récup', Jean-Bernard Pouy.



Battue et rebattue, l'intrigue est banale: un brave type est la cible de la mafia, ici la russe (moins de câpres et d'anchois que pour la sicilienne, la calabraise ou la napolitaine). Pour dire à quel point Pouy se fout de l'histoire, c'est qu'il nous livre l'honnête série B dont il s'inspire, avec Lee Marvin dont il fait le modèle de son héros.

Pourtant, on est tenu en haleine de bout en bout, d'abord par la grâce de son écriture, à la fois sèche et généreuse. Ce qui enchante, c'est cette langue gouailleuse et évocatrice, qui fait douter de ce que j'ai pu lire dans une interview de Pouy:

"Barricata : Tu relis parfois tes bouquins ?
Pouy : Non, j’ai honte. Y’a de quoi, je vois toujours des trucs que j’aurais pu faire différemment, des tournures de phrases. Moi j’écris très vite, je ne me relis pas, je m’en fous. Le problème, c’est que je m’en fous, ça, on me le reproche de plus en plus. Je fais en deux coups : je laisse reposer et je relis une seule fois. Je ne suis pas un écrivain moi, tu vois, j’en ai rien à taper, je profite du plan parce que quand même c’est un privilège absolu: pas de patron, pas d’horaires, j’ai du temps libre et en plus, on me paye pour les conneries que je raconte."
http://contre.propagande.org/pravda/modules/news/article.php?storyid=113

La récup' se lit plutôt comme un guide touristique des troquets de France, de la Corse à la Bretagne. C'est moins un polar "efficace" qu'une promenade "gratuite" avec un auteur chaleureux.

samedi 6 décembre 2008

Quelque chose à te dire, Hanif Kureishi.



C'est un roman écrit à la première personne. Le héros, Jamel, psychanalyste à Londres, a décidé de passer de l'autre côté du divan. Il nous livre ses confidences, à un âge où les interrogations sur le sens de la vie s'aiguisent. Pourtant, sa vie nous paraît calme et sereine quand on la compare à celles des personnages qu'il côtoie. La palme de l'excentricité revient à Miriam, soeur du héros, muse bachique tout droit sortie d'un film de Fellini. Ses apparitions désopilantes ponctuent ce livre de grands éclats de rire.
Mais sous l'élégance d'une douce ironie, l'auteur parvient à nous toucher au plus profond de l'âme. Il y a quelque chose de chirurgical dans cette manière de fouiller et d'analyser les rapports humains, de disséquer les malentendus et les fausses certitudes.
C'est un grand livre, qui se dévore très vite malgré son épaisseur. On n'a qu'un seul regret à la dernière page, c'est de ne pas l'avoir fait durer plus longtemps.