lundi 9 octobre 2006

Viol d'un des sens.

Les sens de la mise à distance, l'ouïe et la vue, s'opposent aux autres sens en celà qu'ils permettent la perception du monde sans contact direct avec la matière.
Mais ce qui les distingue pourtant de façon radicale l'un de l'autre, c'est la possibilité de les mettre en veilleuse ou non. Pour ne pas voir, il suffit de fermer les yeux, ou de détourner le regard. Il est impossible de se fermer les oreilles, au mieux peut-on, bon an mal an, se les boucher. Quand à détourner l'écoute...
On peut s'en convaincre en subissant une télévision allumée. Si le son est coupé, on peut ne pas s'apercevoir qu'elle est allumée. Par contre, dès que le son surgit, on devient captif des émissions de l'appareil.
Notre président adoré, pour fustiger l'ennemi de l'intérieur, ne mettait-il pas en avant le bruit et l'odeur? Nous ne pouvons rien contre certaines intrusions, se couper le nez et les oreilles n'y changerait rien.
Les religions l'ont bien compris, qui n'ont de cesse pour asseoir leur pouvoir, de rythmer la vie du peuple aux chants du muezzin, ou en tapant la cloche. Inonder l'ouïe, c'est rendre les cerveaux captifs. Analyser le bruit, c'est découvrir les sources de notre aliénation.
Nous sommes anesthésiés par les pollutions sonores, assommés et soumis sans échappatoire. J'ai le souvenir d'une grève des poids lourds, il y a une dizaine d'années, qui avaient bloqués tout le transport routier. En sortant de mon appartement, j'avais eu le sentiment étrange d'habiter une autre planète, avant de réaliser que je redécouvrais le bonheur du silence.

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