lundi 11 juin 2007

Un dimanche après midi devant la télévision.



Giesbert invitant Le Clézio, le contraste était saisissant: la vulgarité et l'élégance incarnées.
Dès que Le Clézio pouvait prendre la parole que distribuait avec parcimonie le moi-je autosatisfait, ses propos atteignaient une profondeur que le journaliste tentait de combler à pleins seaux de poncifs et de lieux communs.
Pourtant, au delà des paroles échangées, la distance était mesurable à quelques détails scéniques. Il suffisait de couper le son du téléviseur à chaque fois que le bavard monopolisait la parole, ce qui laissait beaucoup de temps à la contemplation des seules images.
La caméra, en s'attardant avec complaisance sur le visage lifté et cosmétisé du journaliste, accentuait le relief du visage creusé de rides de Le Clézio , à la manière d'un négatif photographique, simple ébauche à peine reconnaissable d'un projet abouti. La marionnette habituée au guignol médiatique donnait son spectacle. On craignait pour le malheureux Giesbert une fonte du maquillage posé à la truelle, qui eût accompagné son naufrage intellectuel. Mais le fond de teint n'a pas coulé, lui.
On pouvait également s'intéresser à ce qu'ils portaient aux pieds: Le Clézio avait chaussé des sandales sur des chaussettes hors de saison, optant pour le confort plutôt que pour le conformisme. Giesbert, habitué à tous les cirages de pompes, portait de jolis souliers vernis: la brillance à hauteur de ver de terre.
Mais finalement, le plus évident, c'était cette gesticulation permanente de la marionnette, obnubilée par la volonté d'occuper l'espace physique, à laquelle répondait ce corps immobile, habité par une âme.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Très bien votre papier !

A propos de l'éclatante (et courageuse) indépendance éditoriale de FOG :

Franz-Olivier Giesbert [les journalistes à la soupe]
http://antennerelais.canalblog.com/archives/2007/06/27/5445988.html