lundi 24 juillet 2006

Du lisse et du rugueux

Il est confortable pour l'esprit humain de ranger le genre humain en catégories, puis sous catégories, ad vitam eternam: les petits et les grands, puis les petits bruns et les petis blonds, puis les petits bruns moustachus et les petits bruns imberbes, enfin les petits bruns moustachus et ventrus et les petits bruns moustachus au ventre plat.
Certaines catégorisations possèdent des frontières plus floues que d'autres: il peut parfois être ardu de partager l'humanité en hommes et femmes, par exemple, certains hommes étant également femmes (et vice versa), ou encore cetains êtres humains n'étant d'aucune de ces deux catégories (je renvoie pour ceux qui tiendraient à prolonger cette réflexion à l'excellent ouvrage de Monsieur Eugenides, "Middlesex", qui traite entre autres de ce sujet).


Cette difficulté tient souvent au choix du bon critère pour effectuer la catégorisation.


Ainsi, un partage de l'humanité entre idéalistes et matérialistes (ou encore spiritualistes et empiristes) se fondera sur la conception positive ou négative que l'individu aura du lisse et du rugueux.
L'esprit attiré vers les hauteurs himalayennes aura tendance a envisager le lisse d'une valeur plus élevée que le rugueux, allant même jusqu'à attacher une valeur quasi divine à un monolythe lisse (je renvoie à la scéne d'ouverture d'un film de série B dont le titre m'échappe, où sur un fond de musique de Richard Strauss, on voit une troupe de primates se prosterner devant un parallélipipède rectangle en bakélyte).
Il en va tout autrement pour l'âme simple, ancrée au calme des vallées, qui associera une valeur supérieure au rugueux, le lisse restant attaché à la surface des plaques de verglas cause des innombrables chutes dont il fut victime dans sa jeunesse, puis dans son âge adulte, ou encore le lisse étant associé au miroir qui lui renvoie tous les matins l'image de ce petit bonhomme brun moustachu et ventru.

Mais il serait pourtant hatif de vouloir conclure que tout petit homme brun moustachu et ventru est incapable d'élèvation de l'âme, et de croire que parceque le viking est grand, blond, chevelu et abdominalement bien doté, que pour toutes ces raisons, il serait plus près de l'approche kantienne du noumène que de l'approhe hégelienne de la phénoménologie de l'esprit.

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