dimanche 13 mars 2011

Ajout et suppression.

Je lis "The lost", admirable livre de Daniel Mendelsohn, dans sa version originale. Mon niveau en anglais étant ce qu'il est, je vérifie certains passages avec la version française. J'ai été surpris de constater que les deux versions différaient sur des détails.

Exemple 1:
M Grossbard, rescapé de la Shoah, raconte combien les Allemands ont été cruels. Puis il explique qu'il ne pourra jamais oublié ce qu'ont fait les français (on comprend à la fin de l'intervention que celui-ci évoque l'affaire Dreyfus).

Version anglaise:
"The French? I repeated, not quite making the connection. I looked across the table at Matt, who grinned. Our father doesn't like the French, who, he would say with a sneer, never won a war but always had great undergrounds. Had Mr. Grossbard, in his wanderings after the Holocaust, been ill treated by the French?"

Version française:
"Les Français? ai-je répété, incapable de faire le lien. J'ai regardé de l'autre côté de la table Matt qui souriait. M Grossbard, au cours de son errance après l'Holocauste avait-il été maltraité par les Français?".

Voici comment l'éditeur Flammarion censure le texte anglais pour ne pas indisposer le lectorat français.

Plus subtil dans l'art de plaire au public français, l'éditeur fait aussi des rajouts par rapport à l'édition américaine. Ainsi, un peu plus loin:

Exemple 2:
Version anglaise:
"We talked for only a few minutes that day when I first visited her, and at the end of our conversation she fixed me with one of those sudden, intense gazes of hers and said, in her low, slightly gravely voice, But of course you must come here, it would be an embarras de richesses!"

Version française:
"Nous n'avons parlé que quelques minutes ce jour-là quand je lui ai rendu visite pour la première fois, et à la fin de la conversation (qu'elle parsemait, comme elle aime le faire, d'expressions en français, langue qu'elle adore), elle m'a fixé d'un de ses regards soudains et intenses et elle a dit de sa voix basse et légèrement râpeuse, Mais bien sûr que vous devez venir ici, ce serait un embarras de richesse!".

Assurément, ce texte n'avait pourtant pas besoin de ces "améliorations" ...

1 commentaire:

keisha a dit…

Mais c'est scandaleux de triturer un texte, non? J'ai vraiment aimé Les disparus (en français) et là je vais de découverte en découverte;
Mais les traducteurs sont capables de tout, même de bricoler jane Austen. Depuis, c'est VO directement pour elle en tout cas;