dimanche 4 avril 2010

Vérité et contexte.

Toute vérité est-elle bonne à dire ?
Je ne me place pas sur le plan de la conversation ordinaire : la réponse me semble tellement évidente. Quiconque déciderait de ne plus jamais mentir à son entourage ferait le vide autour de lui. Le mensonge, c’est de l’huile nécessaire dans les rouages des relations humaines.

Je me place plutôt sur le plan du discours médiatique. Je pense en particulier à une émission vue récemment à la télévision : Taddei interrogeait Comte Sponville sur les propos de Zemmour, qui affirmait que la majorité des délinquants étaient noirs ou arabes. Le philosophe prenait la défense du journaliste, expliquant en substance que la seule chose importante à établir, c’était de savoir s’il avait dit la vérité, auquel cas on ne pouvait rien lui reprocher. Seule la question de l’exactitude des affirmations de Zemmour comptait à ses yeux.


"Affaire(s) " Zemmour Guillon ce-soir-ou-jamais 1/2
envoyé par maghrebb. - L'actualité du moment en vidéo.

Comte Sponville faisait une impasse complète sur le contexte des propos, faisait abstraction totale du but visé. Je me suis alors souvenu d’une publicité que j’avais vue pour un journal brésilien : on entendait en voix off un commentaire vantant les mérites d’un homme politique qui avait redressé économiquement son pays, jugulant l’inflation et le chômage. En même temps qu’on entendait ces vérités, la caméra s’éloignait peu à peu d’une image pixellisée, et on voyait à la fin apparaître le visage de Hitler.

Une vérité peut être haïssable au même titre qu’un mensonge, quand elle sert à justifier le rejet de l’autre. On peut dire devant une assemblée d’historiens que Hitler a réussi économiquement là ou d’autres ont échoué, ce n’est pas la même chose de le dire devant un parterre de néonazis.
De la même manière, on peut vouloir s’interroger sur l’origine ethnique des délinquants, mais balancer à la télé que la majorité des délinquants sont noirs ou arabes, c’est un peu plus faire peser sur des populations discriminées la haine des imbéciles.

1 commentaire:

lolo71 a dit…

Je suis atterré par le commentaire de Comte-Sponville : si ce que Zemmour a dit est vrai, "le débat s'arrête immédiatement, car la vérité n'a pas à être interprétée" ! Au contraire, on doit alors s'interroger sur les conditions sur les conditions économiques et sociales qui font que ce sont ces populations plus que d'autres qui sont touchées par la délinquance. Etonnant de la part d'un "penseur".