mercredi 23 décembre 2009

Leonardo Padura, Les Brumes du passé.

Mario Conde, ex flic reconverti dans le négoce de livres anciens, découvre au hasard de ses tribulations dans un quartier de La Havane, une mine de diamants: des livres rares, dans un impeccable état de conservation. Ce trésor oublié appartient à un couple de vieillards affamés, un frère et une sœur, qui vont confier à El Conde le soin de vendre quelques uns de leurs livres précieux. Ce dernier va alors exhumer des pages d’un de ces livrse un article de journal de 1960, relatant les adieux à la scène d’une chanteuse de boléro, Violeta del Rio.

On entre tout doucement dans ce polar proustien. Ce roman, où la mémoire tient une place centrale, ressuscite des mondes oubliés, évoque une époque révolue d’avant la révolution cubaine. C’est un boléro qui sert ici de catalyseur à des lambeaux de mémoires dispersés. Violeta, chanteuse suicidée ou assassinée, va revivre par la seule volonté de Mario Comte. Avec elle, c’est un univers évaporé, celui des nuits interlopes des cabarets de la Havane, des putes et des truands des années cinquante, l’atmosphère nostalgique des films noirs qui va renaître.

Leonardo Padura adopte un rythme lent et langoureux pour suggérer plutôt que dénoncer. Les ravages d’un espoir éternellement sacrifié, par une révolution toujours trahie, sont décrits à travers la vie de misère d’une population abandonnée. On découvre derrière les façades lépreuses des solars coloniaux que la misère n’est pas moins pénible au soleil.

Les Brumes du passé tient la promesse de son titre magnifique.

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