mardi 3 novembre 2009

Le Club des Incorrigibles Optimistes, Jean-Michel Guenassia.

L’auteur nous emmène dans le Paris du début des années 60. C’est l’histoire de Michel, lycéen à Henry IV, passionné de lecture, de photographie et de baby foot. Dans l’arrière salle d’un café, il va découvrir un repaire d’exilés politiques de l’Est. Ces derniers vont l’initier au jeu d’échec, et lui confier leurs histoires les plus intimes. Elles vont entrer en résonnance avec ses propres tourments d’adolescent : le départ de son meilleur ami, puis de son frère pour l’Algérie, pendant qu’à la maison, ses parents se livrent une guerre d’usure, sur fond de lutte des classes.

C’est un roman de prés de 800 pages sans une longueur ! On se laisse emporter par le récit sans que jamais l’intérêt ne s’émousse. La vie déborde partout du cadre, comme dans les plus belles photographies de Boubat ou de Ronis. L’histoire est racontée de bout en bout par un seul narrateur, Michel, et pourtant Guenassia réussit l’exploit de multiplier les points de vue, de rendre chaque situation dans sa complexité, sans jamais prendre partie ou juger les actes de ses personnages. Ainsi, quand Leonid trahit son ami Dimitri, et choisit de passer à l’ouest pour retrouver la femme de sa vie :
« Il s’en voulait de n’avoir rien tenté pour aider son ami. Il essayait de se persuader que cela n’aurait servi à rien. Le visage de Dimitri disparut, effacé par celui de Milène. On dit qu’il n’est pas nécessaire de réussir pour entreprendre, c’est une vérité profonde. Ce qui relève de la conviction et de l’espoir échappe à la logique. Quand un homme accomplit son rêve, il n’y a ni raison ni échec ni victoire. Le plus important dans la Terre promise, ce n’est pas la terre, c’est la promesse. »

Guenassia prouve par l’exemple qu’il est possible d’atteindre des sommets par une écriture simple, limpide, sans triche.

1 commentaire:

Antoine a dit…

Tout à fait d'accord. C'est un roman superbe, plein d'émotions, d'humour, de passions et palpitant jausqu'à la dernière page.