samedi 29 août 2009

Julius Winsome, Gérard Donovan.

Julius Winsome consacre sa vie à son chien, Hobbes, et à la lecture. Il vit en ermite dans le Maine, région enneigée des États Unis, à la frontière du Canada. Il habite un chalet tapissé de milliers de livres. Il nous raconte comment il devient sniper pour venger la mort de son chien, prenant pour cibles les chasseurs qu'il accuse de ce crime.
C'est une œuvre qui mêle poésie et roman noir. On pense à Walden, avec cette exaltation de l'individualisme au cœur d'une nature omniprésente. Mais Julius est un Thoreau devenu fou. Contre la non violence, il choisit la loi du Talion: il devient un loup pour les viandards qui l'entourent.
C'est aussi la confession d'un passionné de lecture. Mais ce lecteur est d'un type particulier: égotiste, renfermé, sans contact avec l'autre. Pourquoi lit-on? Pour se construire, pour grandir, puis pour affronte le monde avec davantage d'épaisseur. Julius a trop lu sans échanger, a coupé le cordon qui le liait à l'humanité, s'est cloîtré dans son univers livresque. La façon shakespearienne avec laquelle Julius s'exprime est un symptôme de cette parole qui s'enferme sur elle-même, qui tourne à vide. L'accès à l'altérité disparaît, les géants qui auraient pu le porter sur leurs épaules l'étouffent. Le délire paranoïaque de Julius était en germe: il va s'épanouir quand sa dernière porte de sortie se referme avec la mort de Hobbes.
Gérard Donovan a créé un personnage magnifique, simple et profond, limpide et complexe à la fois, qui nous accompagnera longtemps.

1 commentaire:

Reka a dit…

La description de ce roman est très alléchante et je pense bien qu'il pourrait me plaire. C'est noté, merci pour la découverte ! :)