vendredi 7 août 2009

Dirk Wittenborn, le remède et le poison.

Cette saga familiale a pour cadre les États-Unis du début des années 50 jusque la fin des années 90. Le père, Will Friedrich, chercheur en psychologie, débute une carrière universitaire au moment des premières expérimentations sur les antidépresseurs et autres substances chimiques, pour «traiter» les maladies de l'âme. Il va mettre au point un psychotrope efficace avec l'aide d'une collègue psychanalyste. Mais si ce pharmakon (remède et poison) favorise dans certains cas un accomplissement personnel spectaculaire, c'est au prix d'un effet secondaire lourd de conséquence: la transformation d'un gentil garçon, un peu inhibé, en tueur paranoïaque.
On va suivre pendant près d'un demi-siècle l'itinéraire de Will et de sa famille. On va surtout découvrir comment, tout au long de ces années, le boulet d'une culpabilité mal assumée, difficile à avouer va empoisonner les rapports de Will avec les autres membres de sa famille.

Pour être honnête, il faut presque se forcer dans les premières pages, tant la prose paraît fade et maladroite, et le contenu anecdotique. Pourtant, la persévérance dans la lecture de ce pavé sera bientôt récompensée. Une fois passée la mise en place laborieuse des personnages et de l'action, c'est du bon, du très bon qui nous attend. On est dans le sillage des Franzen, Eugenides, on devine derrière l'ombre tutélaire d'Irving. L'auteur nous mène sur cette ligne de crête difficile à suivre, entre burlesque et tragique. Chaque éclat de rire engendre immédiatement un zeste d'acidité. On se reconnaît forcément dans cette description au vitriol des rapports familiaux, sans que cela ne soit jamais gâcher par une quelconque visée moralisatrice.

C'est un excellent moment de lecture.

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