dimanche 27 août 2006

Sarko kong.



On entend souvent le discours suivant: si l'on permet au violent de s'exprimer par la parole, on évitera la violence. Mais en fait, il s'agit de substituer à une forme de violence primaire une autre forme de violence plus évoluée.
Ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est la possibilité d'échanger des avis, des opinions, des positions intellectuelles, principalement au moyen de la parole.
L'animal qui est en chacun de nous est soumis aux mêmes instincts, aux mêmes pulsions que le babouin, ou l'orang outang: lutte de territoire, bagarre pour une femelle, besoin de domination. Ce qui se règle chez l'animal par des grimaces d'intimidation, des morsures ou arrachages de membres, l'homme cherche à lui substituer une méthode moins douloureuse physiquement. Mais l'usage agonistique de la parole ne supprime pas la violence, elle en transforme seulement la forme.
Les élites dominantes, qu'elles soient politiques, économiques, syndicales, culturelles, ont en commun l'art de parler bien. On apprend à présent aux footballeurs, aux boxeurs et autres sportifs de haut niveau à bien s'exprimer. Il est nécessaire d'inculquer au gorille qui sommeille en chacun de nous qu'il vaut mieux un beau discours à un coup de boule. La prise de pouvoir des rhéteurs au détriment des brutes s'est accentuée semble-t-il au fur et à mesure que se développaient les moyens de communication.
Pour alimenter le spectacle à la télévision ou à la radio, on oppose des champions de la dialectique éristique en des joutes oratoires, sur le même principe que le classique combat de boxes entre des colosses à la musculature de grands singes.
Un spectacle d'une nouvelle espéce a fait fureur il y a quelques temps aux Etats Unis, l'ultimate fight: cela consistait à opposer des champions de différents sports de combat dans une cage, et le vainqueur était celui qui en sortait entier. Ainsi, d'un groupe constitué d'un champion du monde de full contact, d'un sumotori, d'un judoka, d'un karatéka, on pouvait en en conclure quel était le sport le plus performant par la discipline du vainqueur.
Je propose qu'on ajoute un dialecticien à la liste des combattants, et je prends le pari que c'est ce dernier qui triomphera.

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