mercredi 9 août 2006

Le plaisir dans l'attente, c'est l'attente de l'attente


Chaqu'un a goûté, à moins d'être un anachorète perdu au milieu du désert der Tartares, au déplaisir d'attendre à une caisse de super marché un après-midi de grande affluence.
Je suis, dans ces circonstances parfois saisi d'impatience, faisant, pour me donner contenance, de l'oeuil à ma montre avec insistance, étant sûr de ne pas me prendre une veste, ma montre étant plus aimable que certaines accortes caissières.
Mon agacement atteint son paroxisme lorsque je fréquente les caisses de Carrefour. Cette enseigne a mis au point un stratagème pour distinguer l'élite consommatrice du troupeau chaland, la carte pass. Cette carte permet de réduire le temps d'attente aux caisses, le principe étant d'ouvrir de nombreuses caisses réservées à l'élite, au détriment de la piétaille d'hypermarché.
Le plus incroyable, c'est que cela fonctionne. Tous, nous respectons ce réglement d'attendre à une caisse bondée, plutôt que d'engager notre caddy à la caisse voisine et libre, un peu à la manière du peuple aux Tuileries lors de la tourmente révolutionnaire, arrêté par un ruban représentant l'espace inviolable du pouvoir royal.
A ceci près que le commandement royal était considéré par la majorité du peuple comme légitime, alors qu'un rapide sondage m'a convaincu que le décret carrefourtien était jugé illégitime, voire inique.
Pourtant, que risquons nous à fréquenter illégalement une caisse pass? Au pire, une petite réprimande de la caissière devant notre aveu d'avoir oublié cette carte à la maison. Il m'étonnerait qu'au moment de payer le contenu du caddy dégueulant de marchandises, mon argent n'ait pas la même odeur que celui de la bourgeoise du seizième.
Je me dis que nous sommes mûrs pour toute sorte de totalitarisme, acceptant des règles injustes alors qu'il n'y a aucun risque à les enfreindre.

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