mercredi 24 juin 2009

Rien à craindre, Julian Barnes.



On le connaissait flaubertien, l'ami Barnes, avec son magnifique perroquet. Le voilà à présent montanien, avec cette promenade à sauts et à gambades. Je n'ai pas lu « Rien à craindre » d'une traite, ce n'est pas un thriller comme « Le perroquet de Flaubert ». Dans ce livre, aucune intrigue, mais une simple ballade avec un auteur éminemment cultivé et amical. Il nous livre sa généalogie littéraire, qui a connu beaucoup de semence française, et il s'en vante, le perfide albion.

Le thème central du livre est une méditation sur la mort. Attention au contre sens évident sur ce « Rien à craindre » du titre. Il ne rime pas avec le « même pas peur » vantard des cours de récréation. C'est de sa crainte du rien, du néant qui nous attend tous, mécréants que nous sommes devenus, que l'auteur a choisi de nous entretenir. Et oui, sa liberté d'homme sans Dieu, qu'il nous confie dans un paragraphe savoureux avoir conquis à la force lubrique de son poignet d'écolier, a eu une contrepartie: l'angoisse de la fin prévisible d'une belle histoire à laquelle il s'était attaché: la sienne.

Pas gai, le thème? Sans doute. Mais reprenant à son compte la célèbre formule sur la politesse du désespoir, Barnes nous retient par la manche à chaque fois après qu'il nous a conduit au bord du précipice. Il a choisi de décocher ses traits d'humour à la face de la grande faucheuse. On sourit souvent, on rit parfois. Et finalement, ce qui nous reste du livre une fois la dernière page tournée, c'est plutôt une dose d'optimisme, malgré les moments forts où il nous mène au bord de la tombe des êtres qu'il a aimé.

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