vendredi 20 juin 2008

Joël Egloff, L'étourdissement.


Le roman débute par une promenade touristique hilarante, sur fond de décharge et de station d'épuration, évocation alléchante d'un lieu enchanteur situé on le devine entre Soveso et Bhopal. Notre guide, employé aux abattoirs, poursuit sa chronique par une description du taudis dans lequel il vit, en compagnie de sa grand mère aux allures de Carmen Cru, et nous fait partager son quotidien tapissé de viscères, de cervelles et de sang.
De temps en temps, quelque chose permet d'échapper à la routine sanguinolente: la visite à une veuve qui s'ignore, pour lui annoncer que son mari a été victime d'un bœuf récalcitrant, ou encore la percée exceptionnelle du soleil derrière un ciel de plomb et d'amiante.
Une des qualités du roman tient au contraste entre ce qui est décrit, l'horreur que l'habitude finit par circonscrire, et des moments de pure poésie, par exemple lorsque le narrateur guide les avions lors de leur décollage, pour leur faire éviter les lignes de haute tension.
L'auteur réussit merveilleusement à doser des ingrédients qui à priori auraient pu rendre ce plat de tripes indigeste, à nous régaler d'une terrine de désespoir enduit d'humour chaplinesque.

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