jeudi 11 février 2010

Vendetta, R. J. Ellory.

Un tueur à gages de la mafia, Ernesto Perez, kidnappe à la Nouvelle Orléans la fille d’un gouverneur véreux. Il demande en échange de sa libération qu’on entende l’histoire de sa vie. Obligé de tenir le rôle de confesseur, Ray Hartmann n’a qu’une envie : retourner à New York, pour sauver son mariage. Il va pourtant devoir rester face à face avec un assassin, l’écouter raconter cinquante ans de meurtres, être l'auditeur complaisant d'un bourreau.

Ellory a le talent de nous happer dès les premières pages. Et les six cents pages qui suivent tiennent la cadence. L'auteur nous conduit droit au cœur du neuvième cercle. Les damnés ont ici pour noms Hoffa, Monroe, Kennedy. L’enfer, c’est la pègre de ces cinquantes dernières années. Cela ne vous rappelle rien ? On retrouve le décor des romans d’Ellroy, mais la focale s'est déplacée. L'intrigue se tisse essentiellement du côté des truands. Ellroy nous avait habitué à côtoyer les flics pourris de Los Angeles, Ellory nous fait rencontrer leurs alter ego maffieux.
Derrière le recyclage maîtrisé, mais convenu des thèmes habituels de la théorie du complot, Ellory s'abandonne à un hymne familial qu’on n’attendait peut être pas au milieu de toute cette fange. Les personnages du roman qui vont échapper à la géhenne, qui parviendront à trouver le chemin d’une possible rédemption, ce sont ceux qui ont placé au dessus de tout le reste leur loyauté envers leurs femmes ou leurs enfants. Et malgré tout ce qui les sépare, s’il existe un terrain sur lequel Ernesto et Ray se rencontreront, c’est celui de l’amour qu’ils portent à leurs proches.

C’est une agréable surprise de découvrir que l'auteur de « Seul le silence » a transformé l'essai. On pouvait craindre un coup d’éditeur, et être déçu par la comparaison des deux romans. Ce n’est pas le cas. « Vendetta » est une réussite.

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