dimanche 21 janvier 2007

Protreptique.



"[...], la pratique de la philosophie dépasse donc les oppositions des philosophies particulières. Elle est essentiellement un effort pour prendre conscience de nous-mêmes, de notre être-au-monde, de notre être-avec-autrui, un effort aussi pour "rapprendre à voir le monde", comme disait Merleau-Ponty, pour atteindre aussi à une vision universelle, grâce à laquelle nous pourrons nous mettre à la place des autres et dépasser notre propre partialité.
[...] Le "philosophe" est seul. Comment trouvera-t-il son chemin?
Il le trouvera comme d'autres l'ont trouvé avant lui, comme Montaigne, ou Goethe, ou Nietzsche, qui, eux aussi, ont été seuls, et qui ont choisi comme modèles, selon les circonstances ou leurs besoins profonds, les modes de vie de la philosophie antique."

P Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique.

vendredi 12 janvier 2007

C'est apprendre à vivre.



"[...] la philosophie apparaît comme une thérapeutique des soucis, des angoisses et de la misère humaine, misère provoquée par les conventions et les contraintes sociales, pour les cyniques, par la recherche des faux plaisirs, pour les épicuriens, par la recherche du plaisir et de l'intérêt égoïste, selon les stoïciens, et par les fausses opinions, selon les sceptiques.
[...] le mal n'est pas dans les choses, mais dans les jugements de valeur que les hommes portent sur les choses. [...]
l'homme doit faire un choix radical: changer toute sa manière de penser et d'être. Ce choix, c'est la philosophie, c'est grâce à elle qu'il atteindra la paix intérieur, la tranquilité de l'âme."

P Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique.

mercredi 10 janvier 2007

Contribution au progrés de l'humanité.



Toute vérité bonne à entendre est bonne à dire.
Toute vérité bonne à dire n'est pas toujours bonne à entendre.

lundi 8 janvier 2007

Les yeux ouverts...


"Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts..."
Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar.

vendredi 5 janvier 2007

L'agonie n'est plus ce qu'elle était.


"L'avenir du monde ne m'inquiète plus; je ne m'efforce plus de calculer, avec angoisse, la durée plus ou moins longue de la paix romaine, je laisse faire aux dieux. Ce n'est pas que j'ai acquis plus de confiance en leur justice, qui n'est pas la nôtre, ou plus de foi dans la sagesse de l'homme; le contraire est vrai. La vie est atroce, nous savons cela. Mais précisément parce que j'attends peu de chose de la condition humaine, les périodes de bonheur, les progrès partiels, les efforts de recommencement et de continuité me semblent autant de prodiges qui compensent presque l'immense masse des maux, des échecs, de l'incurie et de l'erreur. Les catastrophes et les ruines viendront; le désordre triomphera, mais de temps en temps l'ordre aussi. La paix s'installera de nouveau entre deux périodes de guerre; les mots de liberté, d'humanité, de justice retrouveront çà et là le sens que nous avons tenté de leur donner. Nos livres ne périront pas tous; on réparera nos statues brisées; d'autres coupoles et d'autres frontons naîtront de nos frotons et de nos coupoles; quelques hommes penseront, travailleront et sentiront comme nous: j'ose compter sur ces continuateurs placés à intervalles irréguliers le long des siècles, sur cette intermittente immortalité. Si les barbares s'emparent jamais de l'empire du monde, ils seront forcés d'adopter certaines de nos méthodes; ils finiront par nous ressembler."
Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien.