jeudi 31 décembre 2009

Seth Greenland, Mr Bones.

Ce roman nous décrit, à travers les destins croisés de deux personnages, l'industrie hollywoodienne des années 2000, reconvertie dans la création de sitcoms pour la télé.
Franck Bones exerce la profession de comique. Pour relancer sa carrière sur le déclin, il souhaite animer une émission de télé. En revanche, tout va bien professionnellement pour Lloyd Melnick, scénariste à succès qui gravit les échelons qui mènent à la fortune. Jusqu'à sa décision de venir en aide à Franck ...

C'est d'une plume trempée dans la nitroglycérine que Seth Greenland nous décrit la jungle hollywoodienne, qu'il connaît de l'intérieur pour avoir lui même collaboré en tant que scénariste à quelques séries. Dans ce jeu de massacre hilarant, personne n'échappe à sa lucidité acide, de la petite starlette qui rêve de gloire, au gros producteur blasé.
Un vrai régal.

Netherland, Joseph O'Neill

C'est intéressant de lire un des livres de chevet du président Obama. On comprend mieux la sensibilité sociale des dirigeants de notre financiocratie.
Le propos du roman, c'est le mal à l'âme post 11 septembre d'un millionnaire hollandais, new-yorkais d'adoption: il a dû quitter son loft à Wall Street, sa femme et son fils sont partis vivre à Londres: snif, on compatit.
Entre un président amateur de romans guimauves pour richards, et un autre président illettré, on se dit que la planète est entre de bonnes mains ...
On voudrait leur conseiller de lire La misère du monde, de Bourdieu. 15 ans déjà, et rien de changé.

mardi 29 décembre 2009

Alela & Alina

Cela rappelle furieusement les ballades de Simon et Garfunkel, par l'évidence de deux voies qui se marient à la perfection.

jeudi 24 décembre 2009

François Marchand, L'Imposteur.

Un glandeur professionnel, Alglave, se trouve propulsé sans aucune qualification à la direction d’un service du ministère du travail. Son premier objectif est de durer le plus longtemps possible avec un salaire confortable, avant que quelqu’un ne découvre son incompétence. Puis, réalisant qu’il ne risque pas d’être démasqué, la compétence n’étant pas une qualité essentielle pour occuper ses fonctions, Alglave va alors décider de monter toutes sortes de combines pour arrondir ses fins de mois :
« Mon arrivée coïncidait avec l’effervescence des « accords 35 heures ». Je compris très vite qu’il s’agissait d’une mine d’or. La loi allait obliger les entreprises à abaisser le temps de travail hebdomadaire. En contrepartie de cette concession largement fictive puisque compensée par des gains de productivité et une plus grande flexibilité, les entreprises saisissaient l’occasion de baisser les salaires. Pour la première fois de son histoire, le pays connaissait cette situation inouïe : une croissance forte accompagnée d’une baisse des revenus du travail. »

Derrière la satire parfois facile des pratiques technocratiques, l’auteur se livre à un véritable réquisitoire contre certaines escroqueries patronales. On découvre derrière le propos volontairement léger quelques combines ahurissantes, qui ne font jamais la une des journaux : les sociétés de portage qui font rémunérer par les Assedic les périodes creuses de leurs faux salariés, ou des groupes hôteliers qui font croire à des chômeurs qu’ils vont devenir patrons, et les transforment en gérant-mandataire pour des revenus de misère.
On découvre aussi tout un catalogue de pratiques frauduleuses dans l’organisation de certains concours de la fonction publique. Ainsi, par exemple :
« L’organisateur ne publiant pas le concours au Journal officiel, les seules inscriptions émanaient des quelques candidats dans la confidence. J’avais ainsi découvert des citadelles mieux gardées que la réserve d’or de la Banque de France : qui a entendu parler du concours de documentaliste des services du Premier ministre, par exemple ? Ou du concours d’analyste des débats du Sénat (7000 euros par mois juste pour retranscrire les débats parlementaires trois jours par semaine), organisé en catimini tous les deux ou trois ans, à des périodes irrégulières et sans annonce préalable ? »

Tout en dénonçant certaines pratiques scandaleuses dans notre belle république bananière, François Marchand nous fait passer un excellent moment, tant son humour noir est présent à chaque page. Mais il sait également se faire tendre, quand il nous livre par exemple ce joli portrait féminin :
« A aucun moment Anne-Marie n’était menacée par la pédanterie. Elle avait conscience des béances de son savoir, ce qui est la marque d’une femme très cultivée. Sa pensée était une suite de questions destinées à augmenter sa compréhension des choses et des hommes. Ses propos étaient toujours orientés, non vers des sujets qu’elle maîtrisait, mais vers ceux qu’elle connaissait mal. Elle était un vaccin contre la cuistrerie et l’ignorance. »

mercredi 23 décembre 2009

Leonardo Padura, Les Brumes du passé.

Mario Conde, ex flic reconverti dans le négoce de livres anciens, découvre au hasard de ses tribulations dans un quartier de La Havane, une mine de diamants: des livres rares, dans un impeccable état de conservation. Ce trésor oublié appartient à un couple de vieillards affamés, un frère et une sœur, qui vont confier à El Conde le soin de vendre quelques uns de leurs livres précieux. Ce dernier va alors exhumer des pages d’un de ces livrse un article de journal de 1960, relatant les adieux à la scène d’une chanteuse de boléro, Violeta del Rio.

On entre tout doucement dans ce polar proustien. Ce roman, où la mémoire tient une place centrale, ressuscite des mondes oubliés, évoque une époque révolue d’avant la révolution cubaine. C’est un boléro qui sert ici de catalyseur à des lambeaux de mémoires dispersés. Violeta, chanteuse suicidée ou assassinée, va revivre par la seule volonté de Mario Comte. Avec elle, c’est un univers évaporé, celui des nuits interlopes des cabarets de la Havane, des putes et des truands des années cinquante, l’atmosphère nostalgique des films noirs qui va renaître.

Leonardo Padura adopte un rythme lent et langoureux pour suggérer plutôt que dénoncer. Les ravages d’un espoir éternellement sacrifié, par une révolution toujours trahie, sont décrits à travers la vie de misère d’une population abandonnée. On découvre derrière les façades lépreuses des solars coloniaux que la misère n’est pas moins pénible au soleil.

Les Brumes du passé tient la promesse de son titre magnifique.

vendredi 18 décembre 2009

Iain Levison, une canaille et demi.

Trois personnages principaux pour ce roman: un braqueur de banque, un professeur d'histoire, otage du braqueur, et une agent du FBI, à la recherche du braqueur. Chacun d'eux est à un moment charnière de sa vie, où le destin peut basculer du côté de la fortune, ou de l'autre côté ...
Ce roman de Levison est d'une redoutable efficacité. Dès les premières phrases, il parvient à nous captiver, sans que jamais ne se relâche la tension.
Le propos est souvent drôle, décalé. Il est question à chaque page des petits arrangements avec la morale. C'est une fable très réussie sur l'individualisme, l'arrivisme, la façon de réussir dans une société qui promeut les canailles.

Ici et maintenant.

Il existe un unique instant pour s'éveiller; cet instant unique, c'est maintenant.
Bouddha.

vendredi 11 décembre 2009

Superbe Biolay.

Bashung est mort? Vive Biolay.
Extraordinaire album, je manque de mots pour décrire le k.o. après l'écoute de "La superbe". Rien de comparable depuis "Fantaisie militaire". Biolay touche au plus intime des sentiments, remue des choses que l'on croyait effacées, avec une insolente indolence de dandy. Il a synthétisé les influences les plus diverses, allant de Miossec à Daho, en passant par Chanfort, pour nous offrir un bijou de sophistication, avec ce supplément d'âme qui n'appartient qu'aux plus grands.

jeudi 10 décembre 2009

Résistance.

Alors que Sarkozi et sa clique distribuent leurs hochets à foison, il existe encore des hommes d'honneur.
Bravo Monsieur Mordillat.
"[...] je ne veux pas être dans l'obligation de serrer la main - même au titre de simple politesse - à un membre d'un gouvernement qui s'enorgueillit d'avoir un ministère du racisme et de la xénophobie, qui stigmatise les chômeurs comme des feignants et les salariés comme des privilégiés, qui taxe les indemnités des accidentés du travail etc, bref qui développe une philosophie facho-libérale que tout en moi réprouve, que tout en moi combat."