mercredi 24 mars 2010

Télénabbe.

J'adore ces pestiférés des médias qu'on voit partout.
Le dernier en date: Marc-Édouard Nabbe.
Pour quelqu'un qui se prétend victime d'ostracisme, on peut rêver sort plus cruel: trente minutes de promotion chez Giesbert, puis chez Taddei.
Je l'ai plus vu que BHL, le pape et Sarkozi (réunis).
On attend Nabbe à présent chez Busnel, à moins que celui-ci fasse la différence entre marketting et littérature.

mardi 23 mars 2010

Vérité vraie.

La distinction entre vérité et mensonge n'a aucun sens: il existe des mensonges sincères et des mensonges malhonnêtes, ceux auxquels on croît et ceux auxquels on veut faire croire.

dimanche 21 mars 2010

printemps

Le printemps s'écrivait au XIIIe siècle printans, mot composé de prins et tans, du latin primus tempus : c'est le premier temps, c'est à dire la première saison. On trouve aussi l'expression tens prin. Le mot prin désigne le début, le commencement :
el prin d'esté, c'est le début de l'été

Le latin primus se retrouve dans le qualificatif prime, employé dans certaines expressions comme la prime jeunesse. Ces mots latins se retrouvent dans l'expression anglaise prime-time.


dimanche 14 mars 2010

La Bataille, Patrick Rambaud.

La bataille d’Essling n’est pas la plus connue des batailles napoléoniennes. Pourtant, au dire des historiens, elle marque un tournant : pour la première fois, même si on ne peut pas encore parler de défaite, l’armée napoléonienne dut se replier sur ses positions.
C’est cette bataille que Patrick Rambaud a choisi de nous raconter, reprenant à son compte un projet avorté de Balzac. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a rempli le cahier des charges que son illustre prédécesseur avait dressé :
« Il faut que dans un fauteuil, un homme froid voie la campagne, les accidents de terrain, les masses d’hommes, les événements stratégiques, le Danube, les ponts […]. Vous devez avoir tout vu intuitivement et vous rappeler la bataille comme si vous y aviez assisté. »

Mais Rambaud ne se contente pas de nous faire sentir l’odeur de la poudre et du sang. Il a choisi également de nous montrer les grands personnages qui ont pris part, de près ou de loin à cette boucherie. Entre autres stars de l’époque, Napoléon et Stendhal : ces noms ne peuvent être évoqués sans charrier derrière eux les poncifs qui alimentent l’imaginaire collectif. Ils sont devenus des icones, des légendes plus vraies que la vérité. Rambaud leur redonne une dimension humaine. C’est inhabituel de décrire un Napoléon ventripotent engueulant son marmiton parce qu’il a trop chauffé sa soupe aux macaronis ; ou encore incapable de se hisser sur un promontoire pour superviser le champ de bataille, et déléguant cette responsabilité à un colonel en meilleure forme physique.
Le Henry Beyle d’avant Stendhal est lui aussi inattendu, saisi dans sa période d’incubation. Spectateur plus qu’acteur, il est une sorte d’agent d’intendance. Aux jeux de la guerre comme à ceux de l’amour, il est décrit comme un personnage falot. Il est très loin des personnages principaux de ses romans.

Rambaud nous distille sa leçon d’histoire avec son brio habituel, fait d’érudition, de verve, et d’humour. A lire, malgré le prix Goncourt : l’exception qui confirme la règle.

vendredi 12 mars 2010

Signe des temps



On parle beaucoup en ce moment de la difficulté pour les (mauvais) français, nés de parents nés à l’étranger, à faire renouveler leur carte d’identité.
On en parle moins, mais c’est tout aussi révélateur de la société liberticide qu’on nous impose, sous un alibi sécuritaire :
interdiction de sourire sur vos cartes d’identité!

Vous êtes autorisés à avoir l’air triste, l’air méchant, l’air con. Mais interdiction de paraître gai.

Gouverner un peuple de trouillards, voilà le crédo de nos dirigeants. La liberté est du côté de la joie, l’ordre du côté de la tristesse et de la mort. Il faut interdire aux gamins de sourire à l’objectif. Apprenons leur à faire la gueule, à regarder TF1 et à voter Sarko.

vendredi 5 mars 2010

Dépoussiérage.

Pour l'épreuve littéraire de TL en 2010-2011, par quoi va-t-on remplacer les Pensées de Pascal?
Par les Mémoires de De Gaulle.
Les responsables des programmes ont longtemps hésité entre ce monument de l'autofiction, et Éloge des voleurs de feu, de son fils spirituel.

Aux dernières nouvelles, on envisage pour l'épreuve de philosophie de remplacer les Essais de Montaigne par une anthologie des textes des chansons de Johnny Halliday.

Que du bonheur.

jeudi 4 mars 2010

Vera Hall, Troubles so hard.

On connaît ce gospel "légèrement" orchestré, peut être moins dans sa version originale.



mardi 2 mars 2010

Tiercé gagnant.

J’ai choisi de me rappeler le tiercé gagnant de mes lectures des deux dernières années.

Je n’évoquerai pas ceux qui m’ont « seulement » touché, ému, diverti, même si je ne remercierai jamais leurs auteurs avec assez de gratitude. C’est toujours un pari que de forcer le lecteur à dépasser les cinquante, que dis-je, les dix premières pages d’un livre, de lui faire ce cadeau immense de la découverte d’un monde inconnu.

Je ne parlerai pas non plus des chocs attendus : celui du « Voyage au bout de la nuit », dont j’avais remis pendant si longtemps la lecture pour de mauvaises bonnes raisons ; ou encore « Le livre de l’intranquilité » qui m’est tombé dessus par le hasard d’une conversation. Ces livres sont de tels monuments que ce n’est pas un minuscule exploit qu’ils ne suscitent la déception. Alors quand vient l’éblouissement …

J’ai plutôt envie de me rappeler des rares livres qui pour n’être pas encore passés par le tamis du temps n’en sont pas moins d’une qualité rare, de celle qui porte sinon la promesse impossible d’immortalité, du moins le vague espoir de laisser dans la mémoire du dernier homme, ou plutôt de la dernière femme qui saura ce qu’était lire, la trace évanescente d’un souvenir oublié.


« La route », Mc Carthy ;
« Les vestiges du jour », Ishiguro ;
« Tout est illuminé », Foer.

Rendez-vous en l’an 2100.