dimanche 29 mars 2009

Spectacle d'une agonie.



Paul Veyne, dans "Sexe et pouvoir à Rome", explique que l'attrait principal pour les combats de gladiateurs ne résidait pas dans la lutte à mort entre deux hommes. Le plus souvent, le combat se terminait par l'abandon d'un des deux adversaires. C'est alors que le mécène du spectacle prenait la décision soit d'épargner le vaincu, soit de le mettre à mort. Le clou du spectacle était ce moment:
"Un combat de gladiateurs n'est pas un duel loyal où décident les armes: sa logique est d'acculer un malheureux à se déclarer lui-même brisé et à remettre son existence aux mains d'un public qui sent sa toute-puissance dans cet instant où un homme attend sa sentence. La chose passionnante à voir est le visage de cet homme qui attend, puis le visage qu'a cet homme pendant qu'on l'égorge: précisément, l'honneur professionnel des gladiateurs était de demeurer impavides pendant ces instants, qui étaient les moments inoubliables du combat: tout ce qui avait précédé ne tendait qu'à cela."

Le parallèle est saisissant, à deux mille ans de distance, avec le spectacle organisé autour de la mort de Jade Goody. Bien sûr, sa mise à mort n'a pas été décidée par un quelconque organisateur de spectacle (peut-être y reviendra-t-on ...), mais l'engouement suscité par cette agonie a sans doute beaucoup à voir avec un instinct archaïque, vouloir percer derrière le visage d'un condamné à mort le secret qui nous terrifie et nous concerne tous, à plus ou moins longue échéance.

mercredi 25 mars 2009

Rhizome.

L'Homme qui chante l'Homme qui chante.

samedi 21 mars 2009

De la suite dans les idées.

Benoit est fidèle à ses engagements. Après avoir adhéré dans sa jeunesse au projet d'éliminer les juifs d'Europe, il promeut une idéologie qui aura pour effet l'élimination d'une partie de la population africaine.

mardi 3 mars 2009

Contre Lénine.

Le peuple a besoin de liberté, car la liberté est une des formes de la positive attitude bourgeoise.
Le libéralisme, c'est le pouvoir des capitalistes plus le football.

lundi 2 mars 2009

Eternal Sunshine of the Spotless Mind.

Excellente comédie sentimentale de Michel Gondry. Grâce à une trouvaille scénaristique originale, le réalisateur renouvelle ce genre usé, devenu si conventionnel après l'âge d'or des années cinquante. On pouvait d'ailleurs craindre le pire, après dix premières minutes entre le rose et le mauve, même si des indices astucieusement semés (les pages déchirées du journal intime, l'inconnu qui aborde Joël devant l'appartement de Clémentine) sont comme des grains de sable entre les dents crantés d'une mécanique lubrifiées au sirop de grenadine.

On assiste alors au dynamitage des traditionnels épisodes de la relation amoureuse: tout va se présenter dans le désordre, et générer un kaléidoscope émotionnel en nous projetant dans un patchwork temporel. Sans jamais s'essouffler, l'intrigue va nous mener jusqu'à cette dernière scène d'anthologie, où le plaisir initial de la découverte de l'autre, le moment euphorique de la rencontre amoureuse, vont être soumis au tribunal de l'habitude, confrontés aux récriminations du quotidien, créant une dissonance au cœur même de la romance naissante.

On ajoutera à cela une bande-originale très réussie, avec notamment une reprise par Beck du sirupeux slow des Korgis, Everybody's Gotta Learn Sometimes.